Marinela Mosco
Directrice du Musée des argents au Palais Pitti



Dans notre monde de consumérisme et de la haute technologie, le mythe apparaît comme une île heureuse pour un retour à nos origines et aux racines de notre existence.

Oedipe et le Sphinx ou l'éternelle interrogation sur la vie et la mort. Oreste et Électre ou les conflits familiaux, Thésée et le Minotaure ou la dualité entre intelligence et force animale. Ces mythes planent sur nous pour nous rappeler l'éternité et la pérennité des problèmes posés à la vie des hommes depuis la nuit des temps.

De ces mythes Marie-Thérèse Joly s'en fait l'interprète depuis longtemps, fidèle à sa passion pour le monde grec, puisant son inpiration dans la Grande Grèce et la Sicile en particulier. Si dans les années 80, son graphisme léger semblait tisser une fine trame peu colorée, ces dernières années, au contraire, la couleur devient force de ses fantaisies et création qui surfent sur la vague de la nostalgie pour le monde antique à jamais disparu, sauf pour l'art. Au gré de ses oeuvres citons Ithaque, qui la fait nouvel Ulysse, retournant à la terre où fleurissent les citronniers, chère à Goethe, pour tremper son pinceau dans la mer d'azur de Syracuse et de sa bien-aimée Ortygie, qui fascina aussi Houel en son temps.

Ses maîtres comme G. Moreau ne sont que phares lointains. C'est avant-tout la lumière du sud, celles des grands temples et des ruines de Paestum, d'Agrigente, de Sélinonte et de Ségeste qui réémergent à travers le signe vibrant de ses oeuvres.

Son monde est complètement à part, tournant le dos à l'art concepttuel et aux courants à la mode. Un monde qui n'admet pas d'incertitude de choix et dans lequel on pénètre si on participe à la représentation théâtrale du mythe; une mythologie qui se fait scénographie capable de transposer la vie dans le mythe et le mythe dans la vie. Une invitation pour Cythère, non plus à la Watteau, mais bel et bien ancrée dans notre réalité d'aujourd'hui.